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Auteur Fil de discussion: Les tribulations de Fifrelo  (Lu 5159 fois)
Fifrelogrelin
Roi (327)
Tsuchi
 

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« le: 04 Août 2013 à 01:20:56 »

Prologue
Où l’on apprend comment l’ami Fifrelo se retrouve plongé dans un monde inconnu

JOUR 1
La porte de la taverne grinça dans un cri qui déchira la nuit. La pâle clameur de la gent nocturne s’éteignit en un instant. On entra. C’était Fifrelogrelin, 2eme bouffon du roi à la cours, dans un état capiteux. Il referma la porte d’un lourd coup de péniche qui fit trembler les murs. Quelques tableaux, natures mortes et scènes bucoliques témoignant de la vie dans les campagnes d’autrefois, tombèrent au sol. Le monticule de cendres dans l’âtre, vestige d’une bûche bien pesée, conservait en son cœur une chaleur douce. Ce décor rustique admirable contenta Fifrelo qui acquiesça d’un sourire.
Mais l’heure était aux choses sérieuses car le temps s’était écoulé depuis la dernière rasade à l’estaminet d’où on l’avait refoulé sans ménagement; ses fesses portaient encore les stigmates de lourds et nombreux godillots.
En quelques galipettes, Fifrelo accéda au comptoir, où il vacilla; ses roulades ayant dangereusement troublé l’équilibre de son estomac. Le patron était absent.
- « Aubergiste ! Aubergiste !.......Tavernier ! » Hurla-t-il d’une voix puissante et glaireuse. « Mon foie crie famine. »
Il lui fallait d’urgence un pichet de cette orge fermentée qui le maintenait hébété et heureux de l’être. Mais le patron était sourd à ses suppliques, occupé à quelque affaire. Il rentra chez lui et décida de revenir le lendemain soir.
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Fifrelogrelin
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« Répondre #1 le: 13 Août 2013 à 04:28:09 »

JOUR 2
On vit s’agiter une petite clochette dans l'entrebâillement de la porte. Celle-ci était accrochée à un bonnet, qui lui-même était campé sur une tête ravagée par l'alcool plus connue sous le nom de Fifrelo. D'un oeil furtif il - notre héro - inspecta ce nouveau lieu de débauche et de plaisirs. Personne. Il se risqua à entrer à pas de loups, en ciblant instinctivement le bar. Dans le silence religieux du lieu, on percevait de faibles grincements venant de l'étage. Arrivé à l'autel des foies suppliciés, Fifrelo appela.
« Patron! Cria-t-il. A boire! » Aucune réponse.
« Ne me laissez pas mourir de soif! » renchérit-il en vain. Les gens de la maisonnée étaient-ils donc insensibles à sa douleur? Fifrelo fit du tapage, chantant une paillarde et martelant le sol de son talon pour imprimer la cadence, tout en portant à ses lèvres la flasque qu’il conservait en secours. On entendit alors à l’étage un remue-ménage ponctué d’un pas lourd et lent. Les escaliers craquèrent. Le patron apparut de sa splendeur, affublé d'une chemise poussiéreuse auréolée. Il avait la figure rouge et chaude luisante, des cheveux gras aux reflets mats, le pantalon moitié boutonné, le tout dégagé du soucis d’avoir si cruellement fait languir son hôte. Après avoir aspiré sa morve d’un ronflement du nez :
« Que me vaut le plaisir, messire bouffon? » ironisa-t-il, agacé.
Fifrelo qui n'avait plus un sou en poche évoqua dans un charabia de son cru la possibilité de boire à crédit, comme cela se pratiquait, disait-il, dans les établissements de bonne réputation. "Crédit", ce mot qui évoquait un cortège d’ardoises impayées avait pour vocation d'échauffer les oreilles de son interlocuteur qui lui ordonna de déguerpir.  Attitude fort déplacée à l’égard du sieur Fifrelo ; lui, Fifrelo, 2eme bouffon du roi à la cours ! Lui à qui la langue aux pieds des nobles était voisine ! Quel outrage ! Quel affront ! En représailles il nargua ce cuistre d’une danse grotesque ponctuée de pieds de nez, prodigués avec insistance. C’est alors que le maître des lieux, décidé à en découdre, chargea furieusement. Fifrelo, qui avait tout le courage d’un petit lapin au fond de son terrier, esquiva d’un bond félin qui le propulsa sur la table voisine, figé, en équilibre sur une jambe, et affichant son fameux « double pieds de nez », celui qui outrageait la cours avec tant de délice et d’insolence. Mais ce dernier bond avait réveillé le bouillonnant magma endormi aux tréfonds d’un estomac instable. Celui-ci jaillit d’une force prodigieuse en une cascade bigarrée, vestige d’un festin dont l’on aurait presque pu par endroit déceler l’exacte nature, tant il avait été goulûment avalé.
Il y eut un court instant, où le patron, encore incrédule de sa déconvenue et de sa malchance, s’immobilisa. Fifrelo dans un éclair de lucidité se rua vers la porte pour s’échapper. Mais fallait-il la pousser, la tirer, la faire pivoter dans le sens des aiguilles d’une montre, ou bien dans l’autre sens, alors que de lointains souvenirs commandaient de tirer une chevillette ? La providence dut faire glisser son assaillant dans le reliquat tombé au sol et s’y vautrer de son long pour permettre à Fifrelo d’ébranler la porte en tous sens jusqu’à ce qu’elle cède enfin...
Une bouffée d’air glacé et de liberté lui fouetta le visage, et il s’en fut en courant dans le petit matin. Le patron qui avait rejoint le perron put profiter du dernier agacement des grelots de son bonnet tintinnabulant au loin...

épilogue
Ne retrouvant point le chemin de sa demeure, Fifrelo devait, plus tard, se réveiller quelque part au milieu d’un champ, allongé dans l’herbe tendre et fraîche……….s’il eût été chanceux ! Et s’il eût été malchanceux, dans quelque matière moins noble.
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