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Auteur Fil de discussion: Rêveries et méditations  (Lu 5714 fois)
Lysithea
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« le: 10 Février 2012 à 01:36:17 »

Alors que les nouvelles provenant des capitales étaient plus ou moins catastrophiques. Lysithea, Néphélie et Oriana décidèrent de rester un peu plus longtemps que prévu sur l'archipel des Alizées. Elles étaient venues toutes trois séparément et s'étaient retrouvées par hasard à rendre visite au sage Elmaril en même temps. Mais en repartant vers le Nord-Ouest, Oriana s'était retrouvée nez-à-nez avec un puissant djinn de la haine. La jeune sorcière passa une très mauvaise journée car, non seulement le djinn l'attaquait, mais en plus l'Ordre Noir, comme tous les peuples monstres, était passé ennemi et leurs tours et leurs avant-postes la prirent pour cible.

C'est une Mizue mourrante que Lysithea sauva in extremis ce soir-là sur la plage. Les choses ne pouvaient pas en rester là. Il n'était pas possible de fermer les yeux sur cette créature infernale et partir comme ça en la laissant vivre tranquillement. Il fut donc décidé que nos trois jeunes femmes resteraient jusqu'au bout, jusqu'à ce que le puissant djinn soit réexpédié dans l'autre monde. Du moins, cela semblait simple et rapide dans la théorie, alors que dans la pratique les choses se compliqueraient légérèrement. D'autant plus que le djinn de la haine n'est pas apparenté aux autres espèces de djinns. Ceux-là disparaissent pour de bon lorsqu'on leur ôte la vie. Mais ces nouveaux djinns sont beaucoup plus résistants, beaucoup plus forts aussi, ils ne craignent pas grand chose. Mais leur plus grande particularité réside dans leur refus de disparaître tout bonnement. Juste au moment où le djinn est supposé mourir, il se produit une division dichotomique. On se retrouve alors en présence de deux nouveaux djinns, en pleine forme, mais beaucoup moins costauds. Et ainsi de suite jusqu'à ce que le djinn soit si faible qu'il ne puisse plus se diviser. Vouloir tuer à tout prix un djinn de la haine signifie donc s'en prendre à toute sa lignée, et donc combattre une cinquantaine de créatures.

Les trois femmes établirent non loin de là un campement pour passer la nuit. Elles décidèrent aussi d'un tour de garde pour veiller les unes sur les autres et ne pas offrir de proies faciles pour les djinns de la haine. Mais dans une telle situation, Lysithea était anxieuse et cela l'empêchait de s'endormir. Elle essaya de se concentrer sur le bruit des vagues, un son familier et rassurant à Enkyuü, mais ici, à cause des grands vents, on était bien loin du clapotis habituel. La fatigue finit par avoir raison d'elle et elle plongea dans un sommeil profond.


Il faisait nuit noire. Elle marchait dans les rues de la capitale, une ombre parmi les ombres. Elle semblait savoir où aller puisqu'elle n'hésitait à aucune intersection. Ses yeux ne lui servaient pas, ses pas connaissaient le chemin. Un obstacle imprévu aurait pu s'immiscer mais rien ne vint à sa rencontre.

Elle marchait maintenant dans un long couloir. De part et d'autre, des portes et encore d'autres portes. Le couloir aussi était très sombre. Les torches auraient dû rendre ce corridor lumineux, mais elles étaient étrangement éteintes. Seule, une faible lueur, dont on ne parvenait pas à déceler l'origine, éclairait faiblement les parois. La femme aurait dû s'inquiéter de cette atmosphère oppressante qui la suivait où qu'elle aille. Mais les lieux lui paraissaient familiers et elle s'avançait sûre d'elle.

Elle finit par s'arrêter devant une porte. Elle posa sa main sur la poignée et murmura une incantation, un simple souffle dans le silence de la nuit. Elle poussa alors la porte et pénétra dans la pièce. La porte se referma derrière elle. Un mince rai de lumière filtrait à travers les rideaux. Dans la pénombre elle distinguait les drapés d'un lit à baldaquin. Une armoire, une bibliothèque, un bureau, tout autant de meubles qui étaient habituellement dans sa chambre. Pourtant quelque chose était différent cette fois-ci. Quelque chose d'indéfinissable. Elle s'approcha du bureau, qui elle l'aurait juré, n'aurait pas dû se trouver à cet endroit. Elle l'effleura et sa main entra en contact avec un parchemin déroulé et une longue plume à écrire. Ce toucher lui était familier et cela la rassura. Pourtant, quand elle se retourna et posa un pied sur le tapis, ce sentiment étrange refit surface.

Jusque-là, tout lui avait semblé singulièrement coutumier, mais il y avait dans cette atmosphère quelque chose d'inexplicablement inhabituel. Elle se dirigea lentement vers le rayon de lumière et, cette fois, c'est une main mal assurée qui agrippa le bord du rideau et l'écarta d'un seul mouvement. La femme fut éblouie momentanément par la luminosité extérieure. Elle ne put s'empêcher de fermer les yeux et tourner légèrement la tête de côté. Petit à petit elle ouvrit les yeux et chercha la source de cet éclat.

Là-haut dans le ciel, Leïra règnait majestueusement et inondait le paysage de sa beauté éblouissante. La femme resta un instant à la contempler, sans songer un instant à sa précédente marche dans les ruelles qui alors étaient baignées dans l'obscurité, car la lune était absente à ce moment-là.

Alors, sortant de sa rêvasserie, elle se retourna lentement vers le centre de la chambre. Alors elle poussa un cri de stupeur ! Le tapis, les draperies, le couvre-lit, la décoration, tout était choisi avec goût mais le style était différent d'à l'accoutumée et surtout les couleurs. Un camaïeu éclarlate dominait la pièce.



Lysithea se réveilla en sursaut au milieu de son rêve en poussant un cri. A côté d'elle se tenait une sorcière qui l'avait précédemment secouée. La mage eut un moment d'hébétement, observant autour d'elle pour comprendre comment elle s'était retrouvée de la ville à la campagne. Elle aperçut son autre amie entrain de lancer des sorts sur le grand djinn en face d'elle. Alors tout lui revint. Elle discerna le rêve de la réalité et se mit vite sur pieds pour lui porter assistance.
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Lysithea
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« Répondre #1 le: 12 Février 2012 à 18:28:40 »

Deux jours avaient passés.

Les deux sorcières venaient d'infliger d'importants dégâts au djinn le plus proche et elles allaient sans doute être tranquille pendant les prochaines heures. Lysithea profita de ce court répit pour aller faire un petit tour. Cependant, elle était contrainte de ne pas s'éloigner de trop et elle finit par s'asseoir sur un gros rocher en bordure de la baie. Le vent lui fouettait le visage et agitait ses longs cheveux blonds en tout sens. Elle fouilla alors dans sa besace et en sortit un ruban en lin qu'elle noua autour de sa chevelure avant de ressembler à un épouvantail.

Une certaine routine s'installait : se faire attaquer régulièrement par les djinns et leur rendre la pareille, soigner les blessures les plus sérieuses et trinquer avec des élixirs. Le regard de la mage se tourna machinalement vers son sac entrouvert à côté d'elle et elle contempla pensivement la fiole au ventre rebondi. Le liquide qu'elle contenait avait une surprenante et peu appétissante couleur vert fluo. Son parfum n'était pas pour autant désagrable, seul son goût aurait pu être amélioré. A moins que ça ne soit uniquement psychologique à cause de son apparence repoussante. En tout cas, ce goût qui restait longtemps dans la bouche commençait à écoeurer Lysithea. C'était le meilleur remède contre les blessures infligées par les djinns et la mage n'utilisait plus que ça. Elle encourageait aussi, plus que vivement, ses compagnes à l'utiliser. Cette potion était peu coûteuse et son efficacité bien plus grande qu'une parole de guérison d'un mage hautement qualifié.

Son regard se reporta sur les flots agités. Un navire seizon bravait fièrement les vagues, ses grandes voiles blanches gonflées par le vent, et maintenait son cap sur le port qui n'était plus très loin maintenant. Le mal sévissant au sein même des capitales, il était peu probable que ces lignes maritimes transportent qui que ce soit ces derniers jours. Mais les équipages conservaient la régularité des allées et venues des bateaux de tout horizon. Lysithea finit par se perdre dans ses pensées et se remémora les derniers événements qui avaient eu lieu et les paroles qui avaient été prononcées à leur propos.


Malgré la mésentente ancestrale entre Mizus et Tsuchis, des Forces Supérieures avaient éprouvé la nécessité d'attiser les rancoeurs entre ces peuples. Ils souhaitaient propager la haine sur la terre, mais peut-être ne se doutaient-Ils pas qu'il en fallait peu, telle une mignonnette de Raku raku versée sur des braises. Mais les Sistearthiens sont aussi des êtres cupides et, d'une certaine manière individualistes, du moins patriotique. Si les cailloux avaient été ternes et sans puissance, ils se seraient aussi précipités pour s'en emparer. La magicienne ne comprenait toujours pas pourquoi les Tsuchis s'étaient entêtés à récupérer un maximum de cailloux en allant jusqu'à les dérober sur l'autel Mizu. Sans vouloir remettre en cause leurs capacités intellectuelles ou à collecter rapidement des informations, elle doutait fortement, qu'au moment où ils mirent en place leur entreprise, ils savaient ce dont il fallait faire des cailloux. D'aucun dirait peut-être que c'était parce qu'ils pensaient que l'autel est maléfique et qu'il ne faut pas y déposer les cailloux. Mais la vérité est sans doute ailleurs, probablement parce qu'ils sont partis du principe qu'il ne faut pas laisser à l'ennemi des objets inconnus. En y repensant, si la voie diplomatique avait été tentée, peut-être aurait-on pu s'épargner tous les problèmes qui suivirent. D'un autre côté, une entente entre nos deux royaumes à ce moment-là aurait été probablement inimaginable. Mais le vol d'une grande quantité de cailloux engendra une terrible rancoeur chez les Mizus qu'il ne sera pas facile de faire oublier, sans doute le temps finirait par atténuer le mal lui-même. La stratégie élaborée par les Tsuchis laissa un goût amer et provoqua l'indignation des Mizus qui réagirent avec véhémence. Même si elle ne partageait pas totalement leur point de vue, la mage s'offusqua intérieurement lorsqu'elle découvrit qu'un jeune chevalier tsuchi vantait de ses performances et de ne rencontrer aucune résistance. Si les Tsuchis souhaitent que l'on cesse de traiter leurs guerriers de lâches et leurs stratégies de ne pas être franc-jeu, de reconnaître au contraire l'intelligence de leur tactique pour éviter de lourdes pertes dans leurs rangs, alors au moins devraient-ils essayer de comprendre la réaction adverse. Certes, il aurait été plus audacieux de faire front en se rendant tous sur la nouvelle terre. Mais en regardant les faits objectivement, il fallait bien reconnaître que les guerriers Mizus possédaient une force de frappe bien plus puissante que celle des Tsuchis qui, de leur côté, eux avaient des mages bien plus efficaces. Le monde à l'envers ! Sans vouloir présumer de l'issue d'une bataille rangée, organiser des chapardages éclairs était sans doute l'option la plus rentable. Il était impudent de croire que seul le karma pouvait stopper le bras des guerriers Mizus. Evidemment, profiter du repos de la grande majorité des défenseurs de l'autel, agir discrètement dans les ténèbres de la nuit et surtout agir vite, tel un courant d'air, étaient trois des principales conditions de réussite de la manoeuvre. Il ne fallait donc pas cracher sur l'absence de défense mais reconnaître l'efficacité de l'assaillant.

Le jour où Lysithea avait osé dire tout haut qu'elle ne jugeait pas mal les Tsuchis et qu'elle ne pensait pas qu'ils n'avaient pas été sport. Les répliques de ses amis avaient été cinglantes et elle ne s'était plus risquée à ajouter quoi que ce soit.

Evidemment, le Mal n'en était pas resté là. Il continuait à s'infiltrer lentement dans les esprits tel un poison. En tant que sage de la communauté, Lysithea avait tenté de panser la plaie qui s'était ouverte dans les relations Mizus-Tsuchis. Cela avait débuté avec son soutien ferme envers la proposition de Pacte de Non Agression de son roi. Avec la menace qui planait au-dessus de la population, il était primordial de mettre de côté ses différends et de reporter le réglage des comptes à un moment plus approprié, où les circonstances ne seraient pas aussi critiques. La décision avait alors été prise rapidement, donc sans consultation des citoyens. Naturellement, la plupart comprenait la situation, mais il y avait ce que l'on appelle des "électrons libres". Ceux-ci ont la fâcheuse tendance à être d'un avis différent et généralement plus vindicatif. Certains Mizus, ils se comptaient sur les doigts d'une main, affichèrent leur opposition au PNA et annoncèrent qu'ils ne le respecteraient en aucun cas envers nos ennemis ancestraux, pour les autres cela demeurait acceptable. Pour éviter que la situation s'envenime, Lysithea tenta de dessiner un schéma des lieux avec différentes zones offrant plus ou moins de protection. Malheureusement, à cause de la grande portée des armes des archers, il était impossible que l'application du plan soit réellement utile. Pour que cela fonctionne, il aurait fallu que chacun respecte le choix fait en commun... utopie ? Cette carte avait pour but premier de créer un compromis entre les personnes souhaitant un refuge et celles voulant poursuivre les escarmouches entre royaumes.

Malgré toute sa bonne volonté, ce qui allait se produire ensuite était imprévisible et faillit causer de douloureuses conséquences. Le chef de clan de la mage, qui comptait parmi les personnes anti-PNA, impuissant face à la décision du roi, passa ses nerfs en faisant courir une rumeur de la pire espèce sur son royaume. Bien entendu, rien ne mettait plus hors d'elle la femme que des citoyens qui salissaient la réputation de son propre royaume. Ce fut une des rares fois où elle perdit son sang-froid. Elle fit circuler aussitôt une terrible et rabaissante rumeur sur l'archer pour lui faire payer. Ce n'était pas dans ses habitudes et, d'une certaine manière, elle était mal à l'aise d'avoir proféré de telles paroles. Mais elle était vraiment hors d'elle, d'autant plus qu'elle venait de passer un long moment à chercher une solution pour que tout le monde y trouve son compte, y compris lui. Vint alors le moment où la rumeur remonta jusqu'à l'intéressé. Avec son tempérament enflammé, sa réaction ne se fit pas attendre. L'échange verbal qui suivit fut effroyablement offensant.

Elle voulait partir. Elle ne pensait plus qu'à ça, tel un refrain dans la tête. Comment rester dans ce clan après ce que le chef venait de lui balancer à la figure ? Elle, une ingrate ? Et lui alors ? De rage elle partit faire ses bagages. Tandis qu'elle regroupait et enfournait ses affaires avec frénésie dans un grand sac, elle réfléchissait à ce qu'il venait de se passer. Elle cherchait à savoir si elle réagissait correctement. Finalement, elle s'assit sur son lit, des vêtements éparpillés autour d'elle. Elle était énervée, il était énervé. Ce genre de confrontation n'apporte en général rien de bon. Chacun avait des raisons d'être furieux et, dans ces conditions, il était bien difficile de réagir sereinement. Etait-ce raisonnable de prendre une résolution aussi importante maintenant ? Pourrait-elle assumer de s'être emportée ainsi ? Un simple différend qui avait dégénéré pouvait-il effacer en quelques minutes toute l'affection qu'elle portait à son chef et tout ce qu'ils avaient vécu ensemble ? A ce moment-là, elle pensait à peine à tous ses compagnons qui seraient malheureux aussi. Depuis le temps qu'elle le connaissait, elle savait pourtant bien que son chef avait mauvais caractère. Il fallait passer outre. Les nuages gris se dissipent toujours après la pluie. Un jour, ils plaisanteront à nouveau ensemble... Mais pour cela, il faudrait avant tout éviter de faire une énorme bêtise. Elle se redressa alors, laissant toutes ses affaires là, elle sortit du manoir pour faire un tour sur la côte.

C'était déjà le début de soirée. Alors qu'elle était presque apaisée, Lysithea se rendit à l'ambassade Mizu-Tsuchi afin de prendre des nouvelles de l'avancée des discussions. Ce qu'elle y découvrit la consterna. Non seulement, les Mizus ne s'étaient prononcés en rien mais, en plus, son amie mage, qui portait désormais les couleurs rouges, persistait à mettre en avant ses doutes quant à la confiance qui pouvait être accordée aux Mizus. Comment pouvait-on accepter un compromis sans que les deux parties ne consentent à faire des efforts et s'accordent, l'espace d'un instant, la confiance minimale requise ?
L'ultime conciliation était de trouver dans chaque camp une personne en qui ses concitoyens croyaient et que ces deux personnes se portent caution pour leur royaume. La théorie était vraiment simpliste, la pratique plus ardue. Lysithea désigna le seul Tsuchi en lequel elle avait pleinement confiance. Une naïve confiance qui, seule, avait survécu après qu'un puissant mage Tsuchi eut ramené Lysithea à la réalité. Son innocence en prit un coup aussi blessant que ceux que reçut son corps. Désormais, elle saurait qu'un Tsuchi avec qui l'on s'entend reste et restera toujours un ennemi, quelle que soit la situation, même loin des champs de bataille et du danger. Elle n'espérait maintenant plus qu'une chose : que son aveugle confiance ne soit jamais trahie. Cependant, il semblait qu'elle était la seule dans son royaume à avoir autant d'estime pour le général ennemi. La journée avait été pénible. Cette affaire dans l'ambassade était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase, duquel se déversait déjà abondamment du liquide. C'en était trop, elle annonça son plus total découragement et laissa tout le monde planté là. Même si les courriers que lui envoya l'intendante rouge lui réchauffèrent le coeur, elle ne comptait pas revenir sur sa décision à moins d'une très bonne raison. Et tant qu'il y aurait des entêtés de part et d'autre, elle ne pourrait rien faire.

Les choses ne s'améliorèrent pas le lendemain. Elle fit une remarque, peut-être légèrement mal formulée, dans l'assemblée Mizue. Et, heureusement ou malheureusement, seul son général l'entendit. Sa constatation fut prise pour un reproche et la conversation faillit s'envenimer. Mais Lysithea fut prompte à réagir car elle ne voulait surtout pas se prendre la tête avec son époux alors qu'ils n'étaient mariés que depuis quelques jours à peine. Elle s'excusa et partit méditer.

Elle venait de se rendre compte d'une chose très importante. Elle faisait toujours son possible pour que les gens s'entendent, pour que des compromis soient trouvés, afin que, toujours, chaque voix soit entendue et respectée, même si les avis divergent. Lysithea avait été reine pendant de longues années, elle s'était habituée à ce que les gens acquiescent à ses paroles. Mais les choses avaient changé. Si elle avait conservé de sa fonction le respect, elle n'en gardait plus l'autorité. Ce qu'elle avait voulu faire ces derniers jours, c'était imposer sa volonté. Même si elle gardait bien en tête les avis différents, elle avait une idée bien précise de ce qu'il fallait faire et ne voulait pas en démordre, pensant que c'était ce qu'il y avait le mieux à faire. Mais en s'enfermant dans cette pensée, elle ne s'était pas rendue compte qu'elle était seule et qu'elle ne respectait plus les choix de ses amis. Alors, plus que provoqués par son découragement, son retrait et sa réserve n'étaient que le résultat de sa propre réflexion.



Le soleil déclinait à l'horizon. Déjà le bateau repartait en sens inverse. Lysithea se leva et s'étira avec précaution. Elle ne s'était pas aperçue qu'elle avait des fourmis dans les jambes, à rester immobile aussi longtemps. Elle ramassa ensuite sa besace et retourna auprès des deux sorcières. La prochaine attaque, de quel côté qu'elle vienne, ne tarderait sans doute pas.
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Lysithea
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« Répondre #2 le: 14 Février 2012 à 18:15:28 »

La situation avait fini par mal tourner. Les djinns étaient vraiment très forts et eurent raison des efforts des trois femmes pour leur survivre. Oriana succomba à leurs assauts répétés. La mage se sentait mal de n'avoir pas su la protéger correctement. En réalité, elle n'avait pas voulu se sacrifier. Entre deux personnes mourantes, une seule pouvait être sauvée...

La matinée qui suivit cette tragédie fut très calme. Lysithea, assise à côté du feu de la nuit qui finissait de s'éteindre, observait les djinns de loin.


"Admettons que..." prononça-t-elle à voix haute pensivement.

Oui, si l'on attribuait à chaque djinn un nombre qui correspondrait à l'évaluation de la puissance du monstre, alors cela serait plus facile de calculer le nombre de djinns d'une lignée. Elle commença alors à compter mentalement mais finit très vite par s'embrouiller. Elle fouilla donc sa besace à la recherche d'un parchemin, de sa plume et son encre. Elle prit aussi un livre pour support et commença à écrire.

En partant arbitrairement d'un djinn de niveau 30. Si on lui ôte toute sa vie, il se divise en deux djinns de niveau 15. En divisant encore une fois, on obtient alors deux djinns niveau 8 et deux de niveau 7. Les niveaux 8 donnent quatre djinns niveau 4 ; les niveaux 7 donnent deux niveau 4 et deux niveau 3. Les deux niveau 3 se divisent en deux niveau 2 et deux niveau 1. Les six djinns niveau 4 donnent ensuite douze niveau 2. Les quatorze niveau 2 finissent en vingt-huit niveau 1. Pour exterminer une lignée, il faut donc tuer 59 djinns.

Si l'on part de chiffres théoriques de sept djinns majeurs (appelons ainsi les djinns n'ayant jamais encore été divisés) et cinq pour toutes les autres îles, étant donné que deux à cinq djinns ont été observés sur les îles d'Alizées, Colosse, Oubli, Vénize, et d'autres encore. Alors on aurait une invasion de très approximativement : (4 capitales x 7) + (23 îles x 5) = 143 djinns majeurs.

Si l'on reprend le chiffre précédent, pour faire disparaître ces 143 lignées de niveau 30 (on ne prend donc pas en compte le fait qu'ils gagnent en puissance selon des paramètres encore inconnus), il faudrait tuer 8397 djinns. Et au rythme où nous allons, et sans prendre en compte les contre-temps qui se poseront à cause des mauvaises diplomaties avec les peuples monstres, il faudrait plus de deux mois pour se débarrasser complètement de ce fléau.


Abasourdie par ces résultats, Lysithea resta la plume en l'air un moment. Une grosse tache d'encre bleu marine coula sur la feuille. Ce n'est que quelques minutes plus tard qu'elle absorba délicatement la tache avec un tissu. Elle reprit alors sa réflexion.

Si l'on prend un chiffre plus bas : trois djinns majeurs sur chacune des vingt-trois îles, on obtient alors 69 et 28 (pour les capitales) qui font 97 lignées et donc 5723 djinns.

Si ces calculs démontrent l'immense temps qui devrait être consacré à l'éradication des djinns, cela ne prend nullement en compte tout l'imprévisible : l'augmentation de la puissance des djinns pour commencer. Mais c'est aussi se baser sur de dangereux postulats, car qu'est-ce qui dit que d'autres djinns majeurs ne feront pas leur apparition ?

Les djinns sont trop nombreux. Les combattre est une perte de temps. Cela sauve la population alentours mais cela ne sauvera pas l'humanité. La solution est ailleurs. Les pistes sont maigres mais cela vaut le coup de les approfondir. Les cailloux sont probablement la clé de l'énigme. Une alliance totale entre les quatre royaumes est sans doute aussi nécessaire, car quoi de mieux pour combattre la Haine que de s'entraider sans discrimination.


Lysithea nettoya sa plume et relut son parchemin. Elle laissa encore vagabonder ses pensées quelques instants.
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Lysithea
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« Répondre #3 le: 16 Février 2012 à 01:48:52 »

Nouvelle pause.

Sur l'île des Alizées, les djinns étaient de moins en moins puissants mais de plus en plus nombreux. Lysithea n'osait plus s'éloigner et restait en permanence à proximité du campement. Ce dernier avait dû être quelque peu déplacé à cause des mouvements des djinns. Elle se prépara une infusion de pétales de vénussa et sortit une pochette de cuir rectangulaire de sa besace. Elle l'ouvrit précautionneusement comme si ce porte-document était important. Mais en réalité c'était le contenu qui était précieux. Il consistait en quatre feuillets, comportant chacun quelques lignes seulement de texte.

La mage, aussi scribe et bibliothécaire de son royaume, avait un certain nombre de connaissances personnelles et bien placées. Elle avait ainsi réussi à obtenir les quatre
Volumes liés aux événements. Du moins, si elle n'avait pas les ouvrages ou des copies en main propre, elle avait depuis peu la reproduction du début des écrits prophétiques. En effet, étant rédigés en langues anciennes, ils n'avaient pas pu être traduits entièrement. Elle avait donc deux textes largement compris et la moitié des deux restants. Ce ne serait probablement pas suffisant pour pouvoir tout comprendre, ou même simplement déceler des informations concrètement utiles. Lysithea avait vu depuis longtemps les livres ramassés par Stryke et avait toujours trouvé les textes très flous et certainement pas explicites, des contradictions apparaissant ça et là.

Elle prit le paquet et lut les feuillets un par un. Ensuite, lentement, elle les passa en revue, gribouillant des signes dans les marges et entourant certains mots. Elle sortit un cinquième parchemin, vierge cette fois, et son matériel d'écriture.


Deux textes mentionnent nos Dieux. L'auteur insiste sur le fait qu'ils sont notre seul espoir, qu'ils faut absolument obtenir leur aide. Les guerriers ne servent qu'à gagner du temps et ne peuvent pas nous sauver de l'invasion.

Les autels sur la nouvelle terre sont dédiés à la haine. Ne faut-il donc y commettre aucune action ? Les cailloux déposés sur ces autels ne les attireraient-ils pas ?

Mais qui sont-ils ? "Ils" au pluriel. Les djinns ? ou bien d'autres créatures plus maléfiques et plus puissantes ? Il semble y avoir un lien entre le ramassage des pierres et leur venue. Il est aussi question d'un Maître... Mais il ne peut venir immédiatement, il doit se produire quelque chose avant et "ils" ont besoin des humains pour cela.

Deux textes encore disent de ne pas ramasser les pierres. Mais maintenant que cela est fait, est-ce trop tard ? Les cailloux nous confèrent de la force et les rendent plus forts. Que se passerait-il si l'on déposait toutes les pierres au sol, comme si elles redevenaient de simples cailloux sans importance ?

J'ai l'impression que les Gardiens du Culte ont un rôle très important à jouer mais peut-être que je me trompe dans l'interprétation de cette phrase... "les instruits"... En tout cas, le fait qu'ils peuvent retirer les pierres des autels va dans le sens contraire d'une aide au Mal.

Le Volume 3 n'apporte rien pour l'instant. Il me faudrait tous les textes complets.



Lysithea regarda ses notes. Il faudrait comparer les textes aux informations obtenues auprès de certaines illustres personnes, peut-être qu'alors certaines choses s'éclairciraient. Les tests en cours avec les cailloux sur la nouvelle terre et leur répercussions sur les djinns apporteront sans doute aussi leur lot de réponses.
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Mel
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« Répondre #4 le: 17 Février 2012 à 13:42:44 »

Lors d'une de tes méditations, une grande fatigue te saisit et tu t'endors sereinement. Une force protectrice semble t'entourer.
Quelque peu désorientée, tu te retrouves dans un grand espace blanc. Tu as beau chercher, rien ne te permet de savoir où tu te trouves.


Calme toi mon enfant. Tu ne risques rien. Ce n'est que moi.

Tu te retournes et aperçois une femme vêtue d'une longue robe blanche vaporeuse. Des perles ornent ses long cheveux aux reflets bleutés. Une aura de puissance et de bonté semble l'entourer.

Je n'ai pas énormément de temps pour te parler alors je vais faire vite. Je suis désolée de ne pas avoir répondu à ton appel plus rapidement mais la force contre laquelle vous vous battez tous courageusement m'empêchait de te contacter. Maintenant que leur puissance est sur le déclin, mes confrères et moi-même avons réussi à forcer le passage.

Le combat que vous menez va être rude mais n'a rien à voir avec la Sombre Bataille. Ils ne cherchent que le pouvoir et veulent contrôler le monde, pas le détruire.
Ils se nourrissent de la haine et du mépris que vous avez pour vos congénères. Ils sont incapables d'unir leurs forces et c'est ce que vous devez faire pour pouvoir les vaincre. Vous entre-déchirer ne fait que les rendre plus forts.

Ce que vous faites actuellement les affaiblit mais ne fait que retarder l'inévitable. Enlever les pierres des autels vous permettra de repousser leur invasion pendant quelques jours voir quelques semaines mais n'est pas une solution sur le long terme. Quelqu'un ne vous a-t-il pas dit que pour briser le cercle vicieux il fallait faire en sorte qu'il se déséquilibre lui-même ?


Pendant quelques instants elle te regarda dans les yeux, lisant en toi comme dans un livre ouvert.

Je vois que ta tête fourmille de questions, peut-être ai-je le temps de répondre aux deux ou trois plus importantes...
« Dernière édition: 19 Février 2012 à 03:28:30 par Mel » Journalisée
Lysithea
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« Répondre #5 le: 18 Février 2012 à 01:37:14 »

Lysithea ne comprit pas tout de suite ce qu'il se passait. Etait-ce une hallucination provoquée par un trop grand espoir ? Pourtant, tout semblait si réel... La déesse semblait tellement vraie, plus vivante que jamais elle ne l'avait été dans ses pensées. Sa voix était douce et limpide. La mage se sentit rassurée et l'écouta avec une humble attention.

Elle acquiesça à chacune de ses paroles. Elle avait déjà pressenti tout cela, depuis des semaines les pièces du puzzle s'agençaient, elle avait bien essayé de se faire entendre mais cela avait échoué. Mais ce soir, grâce à sa déesse vénérée, elle retrouvait du courage.


ô bienveillante Soraya, je suis si heureuse de vous savoir toujours parmi nous ! J'ai craint pour vous et nos Dieux, et pour toute l'humanité, de ne vous avoir perdus à jamais.

Effectivement, un certain mage, Kalzakath, nous a dit de briser ce cercle vicieux, mais les rancoeurs persistent et je n'ai pas su convaincre les miens de s'allier aveuglément à nos ennemis ancestraux. Et aujourd'hui le doute s'est installé dans la population, les rumeurs disent que Kalzakath est venu en même temps que les problèmes et qu'il en est la cause...

Les cailloux sont la clé n'est-ce pas ?! J'en suis persuadée mais je ne sais pas comment ils doivent être utilisés. Les mettre sur les autels de la haine n'est, selon moi, pas la solution, et cela coïncide avec le fait que les en retirer affaiblit les djinns. Mais d'un autre côté lorsque nous faisons disparaître un caillou, par exemple en utilisant la magie de nos coffres, ils ne sont pas vraiment détruits. C'est en tout cas ce que Kalzakath nous a dit. Je pense qu'il faut lui faire confiance. Il a été scribe Mizu tout comme moi, je ne peux pas croire qu'il ait changé et qu'il nous veuille du mal désormais...
Mais alors où les cailloux réapparaissent-ils quand nous les perdons ? N'importe où comme lorsque nous les avons découverts ? En fait, la question la plus importante est de savoir comment les détruire, car les détruire empêchera le Mal de venir, n'est-ce pas ? A moins que, ô ma déesse, vous n'ayez trouvé une autre solution.


Lysithea s'interrompit. Elle avait tellement de questions. Toutes lui venaient en tête pêle-mêle et elle tentait, tant bien que mal, d'y mettre de l'ordre.

ô Soraya, réunir les 75 cailloux est-il vraiment nécessaire ? Car jusqu'à présent nous n'avons pas réussi à tous les retrouver et je crains que nous n'y parvenions jamais ou sinon dans très, voire trop, longtemps... quand il sera bien trop tard. Et dans ce cas-là le Mal survivra. Même si nous anéantissons tous les djinns de la haine, leur maître ne sera pas hors d'état de nuire, alors comment savoir si d'autres abominations ne nous envahiront pas ?!
Que devons-nous faire pour repousser définitivement ce Mal qui provient des Premiers Âges ? Avons-nous la force et les moyens suffisants pour lutter contre Eux alors même que nos Dieux dont vous, ô ma déesse, êtes mis à mal et ne pouvez les repousser ?
Les écrits prophétiques disent pourtant que nous avons besoin de votre aide, que nos Dieux doivent nous protéger. Mais à qui d'entre vous devons-nous faire appel, ô Soraya ? Comment faire pour réasseoir votre pouvoir dans notre monde et que vous puissiez ainsi nous protéger et veiller sur nous comme vous l'avez toujours fait ?


La mage réfléchit un instant à tout ce qu'elle venait d'évoquer : les cailloux, les djinns, les Dieux. Le plus important avait été mentionné, les autres questions pourraient attendre.
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« Répondre #6 le: 19 Février 2012 à 03:26:50 »

La déesse hocha la tête en souriant.

Des questions pertinentes, comme toujours… je n’en attendais pas moins de toi.

Les cailloux sont à la fois la solution au problème et la source du pouvoir contre lequel vous combattez.
Le comte Demon N en sait long sur le sujet. Il a déjà dû partager son savoir avec certains d’entre vous en leur disant que les cailloux vous apportaient de la puissance.

La est leur stratégie : en vous promettant du pouvoir ils vous rendent cupides et violents. Leur seul but est de vous diviser. Vous diviser pour que le meilleur l’emporte, pour que tous les cailloux soient réunis en un endroit et pour que le monde soit affaibli lors de leur arrivée.

Détruire les cailloux est impossible. Il suffit d’essayer de le faire par quelque moyen que ce soit et ils disparaissent pour réapparaitre à la recherche d’un nouveau porteur plus attentionné, plus intéressé par la puissance qu’il a à offrir. Nous avons tout de même cherché un moyen mais n’en avons trouvé aucun.


Elle marqua une pause, se massa les tempes et reprit:

Chaque caillou est en fait une partie de leur maitre et est doué d’une volonté propre. En les réunissant vous les rendez plus fort mais surtout vous faites renaitre petit à petit leur maitre sans qu’ils n’aient rien à faire.
Ils avancent dans le noir, ne savent pas exactement ce qu’il se passe autour d’eux. Après sa renaissance, leur maitre sera affaibli. Si leur stratégie fonctionne, vous serez trop occupés à vous entre-tuer et il aura le temps de recouvrer ses forces. Par contre, si vous vous préparez a l’accueillir, vous pourrez le combattre.
Vous devez donc jouer leur jeu, faire apparaitre leur maitre et le blesser gravement. Nous serons à ce moment la capables de le sceller définitivement là où personne ne viendra le chercher.


Soraya essuya de la main une goutte de sueur sur son front.

Ils sont trop forts, vous devez avoir de nouveau rassemblé des cailloux en grand nombre à un seul endroit…

Elle se mit à parler plus vite.

Pour qu’il apparaisse, vous devez mettre tous les cailloux sur les autels.
Les éléments vous protègeront mais faites quand même attention, le maitre asp… .. vie … mo… .


Tout s’écroule soudain et tu ne saisis pas complètement la dernière phrase. Après un flottement de quelques secondes dans un noir des plus complets, tu t’éveilles en sursaut comme après un mauvais cauchemar.
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« Répondre #7 le: 26 Février 2012 à 11:40:10 »

Lysithea se réveilla en sursaut. La blancheur, qui l'entourait encore quelques instants auparavant, s'était dissipée et laissait désormais place au paysage verdoyant de l'archipel des Alizées. La mage resta immobile, le regard dans le vide, essayant de réaliser ce qu'il venait de se passer. La scène avait semblé très réelle et pourtant, visiblement, ce ne pouvait être la réalité. Elle réalisa alors qu'elle venait de s'éveiller. Un rêve, oui, c'était donc ça. Le puzzle se reconstitua instantanément : alors qu'elle lisait ses parchemins, la fatigue, provoquée par les soins incessants qu'elle prodiguait depuis des jours, avait eu raison de ses efforts et elle s'était assoupie. Alors, sa déesse bien-aimée lui avait rendu visite. A moins que... si l'on opte pour une explication moins terre à terre, ce ne soit Soraya elle-même qui ait provoqué son engourdissement pour la contacter en songe.

Malgré les circonstances, la déesse de la magie blanche rayonnait de toute sa splendeur. Magnifique, elle en imposait par son aura de puissance. Pourtant, son regard bienveillant, son sourire chaleureux et sa douce voix mettaient en confiance et apaisaient.

Lysithea avait prié dans le temple dédié à Soraya et situé dans la capitale Mizue il y a bien trois semaines de cela. Elle y avait sacrifié des éclairs comme l'indiquait la tradition, et sa prière avait été emplie de sentiments forts. Elle n'avait pas eu de réponse, mais il n'était pas dans les habitudes des Dieux de répondre au premier venu. Pourtant, la situation était critique et elle avait pensé que dans pareil cas, Ils interviendraient. Probablement, avaient-Ils déjà répondu à quelqu'un d'autre et ne reviendraient pas se répéter. Mais les rumeurs ne mentionnaient aucune intervention du genre divin, bien au contraire, il se disait que les Dieux nous étaient désormais inaccessibles. Dès lors, chaque soir, elle avait prié avec ferveur, sans se décourager, car, selon les notes sur la race humaine rédigées par Nextépé et ramenées sur terre par Van Hant peu de temps avant la Sombre Bataille, la foi renforce la puissance des Dieux. Lysithea ne savait pas si cela avait eu un effet, mais ce qui comptait au final, c'est que les Dieux aient réussi à créer un passage pour communiquer avec les humains.

Un souffle d'air éloigna encore un peu plus des feuilles. La mage regarda à ses côtés et ne vit plus ses parchemins. Elle se leva d'un bond et courut après ses notes que le vent s'amusait à emporter toujours plus loin. Elle grommela intérieurement : elle avait failli perdre ses précieuses copies des textes prophétiques. Encore un peu et elle les aurait retrouvées maculées de vase du marais ou bien, pire, elles auraient été emportées par l'océan. Elle les rangea soigneusement dans la pochette de cuir et sortit un nouveau parchemin vierge. Elle commença à écrire :



                             
Souverains des quatre royaumes,

Ce que je vais vous dévoiler dans ce message vous surprendra sans aucun doute. Quant à la véracité
de mes propos, vous me connaissez assez ou bien avez entendu parler de moi pour vous douter que
je n'oserai jamais clamer de tels faits s'ils n'étaient pas véridiques et encore moins plaisanter
dans des circonstances aussi épouvantables.

Je ne saurais vous expliquer le pourquoi du comment mais notre déesse Soraya m'est apparue en rêve.
J'ai ainsi pu, bien que très brièvement, communiquer avec Elle. Le Mal contre lequel nous luttons est
bien plus fort que les Dieux puisqu'Il nous a empêché de pouvoir nous contacter. Mais, apparemment,
sa puissance est sur le déclin et Soraya a ainsi pu me joindre. Tuer les djinns de la haine L'affaiblit
directement.
Le but de cette entité supérieure n'est pas de détruire le monde mais de le contrôler, seul le pouvoir
l'intéresse. Mais Il ne semble pas être seul. Ensuite Elle En a parlé au pluriel : Ils sont incapables
de s'unir et c'est sur ce terrain-là que nous pouvons les battre ! Les sentiments négatifs que nous
éprouvons les uns pour les autres ne font que Les renforcer. Il est donc impératif de mettre de côté
nos rancoeurs et que nos royaumes s'entraident.
Comme nous avons pu le constater, retirer les cailloux des autels permet d'affaiblir les djinns, mais
comme vous vous en doutez aussi, ce n'est pas une solution à long terme. Il faut briser le cercle vicieux
de la haine et de la puissance. Cependant, si les cailloux Lui apporte de la puissance, ils sont aussi la
clef pour mettre fin à tout ceci. Il paraît que le Comte Demon N en sait beaucoup sur le sujet.
Le Mal espère nous corrompre en nous offrant la puissance des cailloux et que nous nous entretuions
avant sa venue, pour qu'Il n'ait plus qu'à finir le travail... Apparemment, Il souhaiterait qu'un royaume
prenne le dessus et réunisse toutes les pierres en un endroit. Il est malheureusement totalement impossible
de détruire ces pierres. Quoi que nous fassions, si elles disparaissent de nos mains c'est pour réapparaître
ailleurs, à la recherche d'une personne ne cherchant pas à la détruire mais à s'accaparer sa puissance.
Une phrase que la déesse a prononcé m'a marquée. Elle disait : "En les réunissant vous les rendez plus fort
mais surtout vous faites renaître petit à petit leur maître sans qu’ils n’aient rien à faire."
Il semblerait que la seule solution soit de réunir tous les cailloux sur les autels. Leur Maître renaîtra
affaibli et devra regagner ses forces avant d'agir. Il faut qu'à ce moment-là nous soyons prêts et unis
pour le combattre, et protégés par les éléments. Nous ne pourrons pas le tuer mais si nous le blessons
gravement, alors nos Dieux auront suffisamment de puissance pour revenir et Le sceller définitivement.

Mon rêve s'est interrompu au milieu d'une phrase, je ne sais pas ce que Soraya voulait ajouter... En tout
cas, je crois avoir réussi à me souvenir de tout et espère l'avoir retranscrit le plus fidèlement possible.

A la lumière de ces informations de source sûre, il nous faut agir au plus vite ! Nul doute que vous saurez
guider nos peuples correctement.

Respectueusement,
Lysithea.


La mage avait fait son possible pour retranscrire au mieux les paroles de sa déesse, heureusement que son métier l'avait habituée à solliciter sa mémoire. Elle relut son message puis en fit quatre copies propres. Elle conserverait ce brouillon pour elle-même.
Elle accrocha un parchemin soigneusement roulé à chacun de ses deux hiboux et les envoya auprès de deux rois. Elle se précipita ensuite vers Néphélie pour lui emprunter les siens afin de faire parvenir au plus vite le message aux deux souverains restants. La sorcière voulut des explications avant mais Lysithea insista tellement et paraissait si empressée qu'elle ne put que céder. La mage suivit du regard les volatiles dans le ciel et ne reporta l'attention sur son amie que lorsqu'elle ne les distingua plus. Alors elle lui raconta tout : son rêve et son courrier, et lui montra le parchemin qu'elle avait gardé.
« Dernière édition: 26 Février 2012 à 11:57:31 par Lysithea » Journalisée

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