Spectacle en Pantomime

[Shina]

Acte I, Scène 1 :

La scène d’exposition.


   Le personnage principal entre par le fond de scène, son masque sur le visage. Elle entre dans la lumière, sa robe blanche éclatante sous les feux de la rampe. Elle regarde le public, fait quelques pas et descend jusqu'à l’avant scène. Elle baisse alors son masque et le spectateur peut enfin voir le visage de Shina. Eblouissante. Son visage est pâle, ses yeux sont mis en valeurs par une légère poudre violette, ses lèvres d’un rouge profond. L’actrice s’assoit sur un tabouret face au public et entame son monologue.

Shina : Avant que le spectacle ne commence, je vous prierais de laisser vos hiboux à l’extérieur et de ne pas utiliser d’Aléaporteur pendant la représentation. Les armes et les sorts sont eux aussi proscrit.
Bien commençons, pour les personnes n’ayant pas lus le programme, ce qui se jouera sur cette scène est ma vie, ou du moins les événements les plus importants. Certains diront qu’il est orgueilleux, narcissique, de mettre en scène sa vie, je leur répondrais simplement que tel est le monde qui nous entoure. Vous, assis dans l’ombre, toi là-bas, et toi qui me regarde, oserez vous dire que jamais vous n’avez cacher une vérité, que jamais vous n’avez joué un rôle, endosser une apparence, une personnalité, pour plaire à votre entourage. La vérité est que le monde est un théâtre et que vous êtes tous des acteurs. Alors pourquoi n’irais-je pas moi-même sur cette scène pour vous jouer ma vie, qui, à la différence de l’ensemble d’entre vous, vous qui me fixez stupidement de vos sièges, cachés dans l’ombre, est suffisamment intéressante pour être jouée et appréciée. Cessez donc cette hypocrisie mielleuse dans laquelle vous vous complaisez, baissez donc vos masques pour exhiber au monde vos faces hideuses rongées par un mal que vous appelez vertu.

Quelques murmures dans la salle

Cessez, vos discussions et commençons le spectacle, nous n’êtes ni dans une taverne, ni en place publique, vous êtes dans un théâtre et ce lieu est mon domaine.

Shina se lève, avance vers le centre de la scène, face au public, elle claque des doigts et disparaît.

[Lysithea]

Les spectacles n'étaient pas si courant encore dans ce monde et lorsque la reine mizue eut vent qu'il y en aurait un qui se produirait bientôt, elle libéra sa soirée.
Elle avait revêtu une robe bleu nuit et ses cheveux étaient détachés. Elle avait longtemps hésité sur la tenue à porter : se cacher ou non était la question. Finalement, elle avait décidé d'assumer sa fonction jusqu'au bout.

Une actrice entre en scène. Le masque écarté, sa beauté éblouissante nous fait face.
Ses mots contrastent avec la douceur de son visage. Elle a du caractère, ses mots sont durs... mais non dénués d'une certaine vérité.

Lysithea demeure silencieuse et attentive. Le spectacle va commencer.

[Iris]

Iris, assise au troisième rang et légèrement sur la droite, sembla sourire de fierté pour sa nièce qui allait se produire ce soir.

Elle tenta de répérer des gens qu'elle connaissait dans la salle mais ces yeux n'étant pas habitués à la pénombre, elle ne put distinguer personne.


Elle réajusta une dernière fois sa position et se concentra sur la scène.

[Oniria]

Oniria avait eu vent d'un spectacle de théâtre joué par une jeune fille aussi belle que mystérieuse.
Intriguée, l'Intendante tsuchie avait décidé de s'offrir ce moment de détente avant de repartir sur les Terres des Dieux où la guerre entre Mizus et Tsuchis faisait rage. Elle avait bien besoin de se changer un peu les idées en ce moment...

Ajustant ses cheveux mauves relevés au-dessus de sa tête, elle jeta un coup d'oeil dans la salle. Le public était déjà nombreux, mais Oniria remarqua du premier coup d'oeil que la Reine Mizue était là. Ce soir était jour de paix et de détente, aussi l'intendante tsuchie s'avança-t-elle en saluant d'un hochement de tête la souveraine de ses ennemis.

Puis elle prit place sur un siège, arrangeant autour d'elle les plumes de paon qui composaient sa robe.

[Tohwi]

Tohwi s'assit discrètement sur une chaise au fond de la salle. Il avait rejoint les Exilés d'Espérha car il pensait savoir de source sûre que ceux-ci détenaient un grand nombre de plouds. Maintenant qu'il s'était bien intégré dans le clan -les naïfs, ils ne se doutaient pas-, il pouvait rechercher l'endroit où ils cachaient leurs plouds si convoités. Il était donc venu à ce spectacle dans l'espoir de pouvoir tirer quelques informations au sujet de cette planque...

Au bout d'un moment, une personne au visage angélique apparut sur la scène. Il reconnut tout de suite sa Gardienne du Culte et compagnon de clan, dont le discours ne le surprit pas.

Soudain, celle-ci disparut d'un claquement de doigt. Tohwi se leva brusquement en portant la main à son épée, puis, se rendant compte qu'il était le seul à agir ainsi dans la salle et se rappelant qu'il se trouvait dans une salle de théâtre et que, de toute façon, la personne qui venait de disparaître était de son royaume et de son clan, il se rassit. Mais il n'était quand même pas rassuré... Et si les Exilés avaient compris son projet de vol de plouds ?

[Yiro]

Yiro rentra dans le théâtre, il avait apprit par hasard qu'il y aurait un spectacle. Il poussa la grande porte, visiblement il faisait parti des premiers.
Non loin de la une charmante jeune femme portant une magnifique robe bleue regardait la scène avec attention; il s'agissait de sa reine Lysithéa. Discrètement Il alla s'assoir a coté d'elle tout en restant silencieux

Le Spectacle allait bientôt commencer et il l'attendait avec impatience, ainsi les paroles de la jeune actrice le réjouissait. Pourtant il se sentait comme nu, Il n'avait visiblement gère l'habitude de laisser sa lance aux vestiaires.

[Shina]

Scène 2 :

Le violon d’une mère

   La lumière revient, blanche et froide, le murmure d’un vent artificiel se fait entendre dans la salle. Le public frissonne, la température baisse rapidement. Shina arrive, une robe noire, un masque orné de quelques dorures.

   Shina :our cette première scène, nous voyageons dans les terres enneigées de Lynsk l’étincelante, nous traversons les années pour nous retrouver quelques mois avant la Grande Dévastation, le Cataclysme, la Grande Guerre, cet évènement qui semble être pour la majorité d’entre nous synonyme de Mort. J’appelle cela le changement, la nouveauté, l’aventure. Laissons ces hommes et femmes, que l’on ne peut plus appeler ainsi, laissons ces cadavres pourrissants  festoyer ensemble et préoccupons-nous de mes parents.

   Noir, seule une colonne de lumière éclaire Shina placée au milieux de la scène, l’exposant ainsi  au regard de tous. Puis à Jardin, une autre colonne de lumière apparaît pour éclairer une nouvelle actrice aux cheveux d’obsidienne, un violon et son archet à la main et un chapelet d’or terminé par une lune.

Shina : Cette femme est Alizea, née dans la musique de bohème et sous les faveurs d’Ereziel qui l’accompagna sur les terres de Sanctuaire depuis sa tendre enfance. Elle parcoura les routes avec sa sœur, Iris, mais leurs chemins se séparèrent, l’une s’établit à Faïlariel, l’autre choisit les terres immaculée de Lynsk et le vent froid du Nord, mais c’est à l’Est qu’elle se perdit. Alizea fréquenta la cour glorieuse de Morrigane et de son roi Triton, elle joua pour leurs enfants, leurs bals et les grandes occasions. Shina regarde la salle, ses ombres immobiles, attentives. Une cour qui si je puis me permettre, quelle idée, ne puis-je pas tout me permettre ici ? Une cour qui depuis ces sombres évènements n’a cessé de décliner, le trône autrefois étincelant, fort et craint n’est plus que l’ombre de lui-même, le peuple du roi Triton se déchire et leurs ennemis regardent ces batailles intestines avec délectation. Le déclin de ce royaume a même poussé son propre prince dans le camp ennemi, et la fille de Morrigane a disparaître. Quelle situation hilarante, n’est ce pas ? L’actrice sourit, se cache derrière son masque et émet un rire contenu. Mais soyons bref, les reikons sont à ce point désespérés qu’il n’est pas utile d’en discuter, revenons-en à ma très chère génitrice. Shina met fin à la digression et regarde l’autre actrice ; fait un signe et cette dernière se met à jouer. Son âme était torturée par son art, elle se perdait dans la mélodie de son violon. Ses nuits passées à vivre la musique dans le vent froid sur les tours Reikonnes, dans les forêts Mizus, dans les montagnes Tsuchis mais bien plus rarement dans ces marais putrides et gluants chers aux habitants de Failariel  . Ma mère avait du goût semble t’il. Elle pria et pleura sur le triste sort des amants célestes séparés par la volonté du Père, l’un éclairant le jour, l’autre cherchant en vain à refléter sa lumière la nuit. Ainsi se résume la vie de ma mère, quelques mélodies jouées aux pleines lunes où seuls les hurlements des loups troublaient sa transe pour qu’elle cesse, enfin.
Elle vit à présent en ermite sur une île, priant, jouant de son violon dans le vain espoir que sa tendre Leïra l’entende entre deux sanglots. Elle tente d’alléger la peine de cette déesse à peine capable de protéger son nom et son domaine contre une Erynnie un peu plus entreprenante que ces autres femmes à plumes. Alizea regarde à présent le monde avec ce regard neutre qu’entretiennent ces vieux qui ont déjà plus de la moitié de leur vie derrière eux.

   Alors que Shina parlait, l’actrice représentant Alizea n’apparaît plus sur scène qu’au moyen d’ombres artificiellement crées par l’éclairage placé en fond de scène, elle continue à jouer une sonate tout en avançant et terminant son déplacement à quelques centimètres de Shina. Cette dernière avance, ignorant l’autre actrice.

[Shina]

[Entre Scène]

Shina regarde la salle brièvement, elle aperçois sa tante assise à quelques rang de la scène.

J'espère que celle là n'a pas fait jouer son nom pour entrer gratuitement, pense-t-elle.

Puis son regard balaye la salle pour s'arrêter tour à tour sur Lysithea, reine mizu et sur Oniria l'intendante Tsuchie.

Une reine et une intendante, il me faudrait peut-être penser à augmenter mes prix...

[Fin de l'Entre Scène]